Pro Helvetia explore le continent africain

Pro Helvetia explore le continent africain - 2011

Jusqu’aux années 1960, le continent africain n’est pas concerné par le rayonnement culturel de la Suisse, qui s’adresse principalement aux pays industrialisés de l’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord. Durant l’après-guerre, la politique de Pro Helvetia ne connaît que quelques incursions ponctuelles dans les pays appartenant à d’autres sphères culturelles, et les initiatives réalisées se limitent le plus souvent au domaine des arts appliqués.

Entre 1945 et 1960, les seuls projets réalisés sur le continent africain concernent l’Afrique du Sud, où Pro Helvetia organise une exposition d’affiches, une exposition d’architecture basée sur un projet initialement destiné aux Etats-Unis, ainsi qu’une exposition de tableaux scolaires. Cette dernière, présentée également en Amérique du Sud et dans plusieurs pays de l’Extrême-Orient, illustre les compétences revendiquées par la Suisse dans le domaine de l’éducation et de la pédagogie.

Le mouvement de décolonisation, qui atteint son point culminant durant les années 1960, modifie non seulement la carte politique de l’Afrique, mais représente également un défi pour les institutions chargées de la présence suisse dans le monde. Dans la politique de Pro Helvetia, la reconfiguration de la géographie culturelle s’amorce au tournant des années 1960 et 1970, sous la présidence de Willy Spühler, et suit le mouvement de la politique extérieure suisse dans son ensemble.

Le premier projet d’envergure dans le cadre des relations culturelles avec l’Afrique postcoloniale est réalisé en 1971 à Dakar, capitale du Sénégal, sous la forme d’une exposition générale sur la Suisse. Intitulée La Suisse présente la Suisse, cette manifestation financée par Pro Helvetia répond à la volonté de présenter au Sénégal certaines valeurs susceptibles de lui être utiles dans son processus de nation building. Sous l’égide de la Fondation, la coexistence harmonieuse de plusieurs communautés linguistiques, la participation démocratique et l’autonomie locale se transforment ainsi en des produits d’exportation destinés à un pays ayant récemment accédé à l’indépendance.

Dans le domaine artistique, la présence helvétique sur le continent africain reste durant la même période beaucoup plus modeste que dans le domaine de l’information. Une nouvelle fois, la principale exception concerne l’Afrique du Sud, où les Festival Strings de Lucerne réalisent une tournée de concerts en 1965, grâce à une subvention de Pro Helvetia. En 1970, l’Ensemble vocal de Lausanne bénéficie à son tour d’un subside pour donner des concerts en Afrique du Sud. Lors de cette tournée, les organisateurs sud-africains exigent que Pro Helvetia assume tous les frais occasionnés par les concerts ouverts à la population noire.

Dans l’Afrique postcoloniale, la politique de la Fondation ne connaît en revanche que des initiatives ponctuelles, comme le soutien accordé, en 1972, à Hans Erni, pour l’exposition de ses dessins africains à Niamey, au Niger.

Il faut attendre le début des années 1980 pour voir se développer, dans le domaine du rayonnement culturel, des initiatives originales destinées aux pays africains, qui traduisent une certaine volonté d’interaction et de réciprocité. En 1982, Pro Helvetia fait circuler au Maroc, en Tunisie et en Algérie l’exposition Le Maghreb vu par les peintres suisses, consacrée à la peinture orientaliste helvétique. En 1988, la troupe de théâtre Federlos réalise une tournée au Nigéria, pendant laquelle elle accueille au sein de ses propres spectacles des acteurs indigènes, réalisant ainsi le principe de l’échange culturel. Dans le prolongement de cette politique, Pro Helvetia ouvre une antenne culturelle au Caire, en 1988, et au Cap, en 1998, qui donnent au dialogue avec l’Afrique une base plus solide. (tk)

Fonds d’archives
AFS E9510.6 1991/51, Vol. 856, 857
Pro Helvetia, procès-verbaux du groupe I

 

Les arts appliqués ouvrent la voie

Pro Helvetia explore le continent africain - 1953

En 1953, Pro Helvetia organise une exposition d'affiches en Afrique du Sud.

Archives fédérales E 9510.6 1991/51, Vol. 321

"La Suisse présente la Suisse"

Pro Helvetia explore le continent africain - 1971

L’exposition La Suisse présente la Suisse a lieu en 1971 au Musée dynamique de Dakar, conçu par l’ethnologue neuchâtelois Jean Gabus.

Archives Pro Helvetia
 

Léopold S. Senghor rencontre Guillaume Tell

Pro Helvetia explore le continent africain - 1971

Inauguration de l’exposition La Suisse présente la Suisse, le 26 novembre 1971 à Dakar. Le président Léopold Sédar Senghor regarde une statue de Guillaume Tell. Au fond à droite, Willy Spühler, président de Pro Helvetia.

Archives Pro Helvetia
 

"La Suisse présente la Suisse"

Pro Helvetia explore le continent africain - 1971

Affiche de l'exposition La Suisse présente la Suisse.

Bibliothèque nationale, collection des affiches

Le dialogue artistique avec l'Afrique

Pro Helvetia explore le continent africain - 1972

Hans Erni est un des premiers artistes qui obtient un subside de Pro Helvetia pour exposer ses œuvres en Afrique. En 1972, il présente ses dessins africains à Niamey, au Niger.

Esquisse africaine, 1968
© Hans Erni
 

"Esquisses africaines"

Pro Helvetia explore le continent africain - 1972

La première exposition d'art soutenue par Pro Helvetia en Afrique noire a lieu au Musée national de Niamey, la capitale du Niger.

Archives fédérales E 9510.6 1991/51, Vol. 551

"Esquisses africaines"

Pro Helvetia explore le continent africain - 1972

L'exposition des dessins africains de Hans Erni est une initiative de l'ethnologue neuchâtelois Jean Gabus, médiateur important entre la Suisse et les pays d'Afrique noire. Sur cette photo, Gabus présente les dessins de l'artiste suisse au président du Niger, Hamani Diori, lors du vernissage de l'exposition en décembre 1972.

Archives fédérales E 9510.6 1991/51, Vol. 551

"Esquisses africaines"

Pro Helvetia explore le continent africain - 1972

Mouddour Zaraka, ministre des affaires nomades et des finances du Niger, assiste également au vernissage.

Archives fédérales E 9510.6 1991/51, Vol. 551

"Esquisses africaines"

Pro Helvetia explore le continent africain - 1972

Le 22 décembre 1972, le journal Le Temps du Niger rend compte de l'exposition organisée par Pro Helvetia.

Archives fédérales E 9510.6 1991/51, Vol. 551

Une interview de Léopold S. Senghor

Pro Helvetia explore le continent africain - 1977

En 1971, Pro Helvetia inaugure à Dakar les relations culturelles avec le tiers-monde postcolonial. Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal, considère la Suisse comme un exemple de cohabitation pacifique entre plusieurs communautés linguistiques.

Interview diffusée par le Service des ondes courtes de la SSR en 1977.

Archives Swissinfo, en partenariat avec Memoriav
 

L'Egypte vue par les peintres suisses

Pro Helvetia explore le continent africain - 1984

Dans les pays asiatiques et africains, Pro Helvetia organise peu de projets artistiques jusqu’aux années 1980. Avec l’exposition Le Maghreb vu par les peintres suisses, elle tente en 1982 de combler cette lacune en développant un nouveau type d’exposition destiné spécifiquement aux pays du Sud. Cette exposition documentaire réunit des reproductions de tableaux qui illustrent la perception de l’Orient par les peintres suisses. En 1984, elle trouve un prolongement avec une exposition analogue présentée en Egypte.

Bibliothèque nationale, collection des affiches

Le regard des photographes

Pro Helvetia explore le continent africain - 1993

Depuis les années 1970, le photographe Luc Chessex a participé à de nombreuses expositions de photos organisées par Pro Helvetia à l’étranger. Parti à vingt-cinq ans vivre à Cuba, où il est resté quinze ans, Luc Chessex est connu pour ses reportages photographiques sur l’Amérique latine et sur l’Afrique. En 1999, il écrit : « J’avais envie d’exotisme et je voulais surtout que demain ne ressemble pas à aujourd’hui. Il me fallait rencontrer mes semblables, mes frères noirs, jaunes, rouges ou blancs, tous passagers d’un même navire, la Terre, voguant vers un destin commun. »
Luc Chessex, au Mozambique, 1993

© Luc Chessex